L'argent de l'épouse. Déclinaisons à partir d'un consensus islamique
Résumé
Cet article prend pour point de départ un consensus islamique basé sur l’idée que pour les musulmans, la charge du foyer incombe à l’époux qui en est le chef. Quant à l’épouse, si elle travaille, elle n’est pas tenue de participer aux charges du foyer. Cette norme sur les rapports conjugaux indique d’emblée que les conditions matérielles qui guident les rapports entre époux de confession musulmane sont apriori inégalitaires : l’époux est le chef de foyer. Les militants islamiques rencontrés au cours de mes enquêtes semblent d’accord sur ce point. À partir de cet apparent consensus, une question centrale se pose : comment cette prescription coranique est-elle interprétée et appropriée par les croyants dans leur quotidien ? En dépit de ce consensus, nous allons voir qu’à l’épreuve de la réalité, les interprétations de cette norme et les pratiques sont moins homogènes qu’il n’y paraît.
Cette contribution analyse les interprétations et les usages autour d’une prescription coranique sur le travail d’une épouse et l’utilisation de son argent. Elle ouvre une réflexion sur le fait qu’à l’épreuve de la pratique, une prescription religieuse, même consensuelle, laisse toujours une marge de manœuvre et d’autonomie aux individus. L’approche anthropologique, focalisée sur les points de vue des acteurs et leurs interprétations, permet ainsi de mettre en évidence l’expression de différences, même sur une question apparemment consensuelle.
Domaines
Anthropologie sociale et ethnologie
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)